Mardi 4 mars, dans une salle Richelieu pratiquement pleine, s'est déroulée la réunion publique de la liste "Ensemble unis pour Tarascon". Divers intervenants se sont succédé à la tribune. Dans l'ordre de passage : Laurence Deleuze, Jean-René Soler, Claude André, Abdelouahed Khamouss, Annie Fonta, Magali Raberain et René Salles (responsable départemental du comité provisoire pour la formation d'un parti ouvrier indépendant). Puis la parole a été donnée à la salle, dans un réel souci de débat libre et démocratique.
Voici la retranscription du discours de la tête de liste, Laurence Deleuze.
"Mes amis, bonsoir,
Nous sommes une nouvelle fois réunis et je vous remercie de votre présence.
Vous le savez maintenant, je conduis cette liste aux municipales en tant que responsable nationale d'un parti ouvrier indépendant en gestation et je mène la lutte pour la démocratie politique qui intègre la souveraineté de la Nation et de la commune.
Si on regarde la situation actuelle, on peut affirmer que l'offensive du gouvernement, au service de l'Union européenne, prend une ampleur et des proportions qu'aucun d'entre nous ne pouvait soupçonner. Il n'y a pas un élément des conquêtes de la classe ouvrière, de la démocratie politique, il n'y a pas un segment des services publics, il n'y a pas une seule composante des droits ouvriers et démocratiques qui ne soit pas aujourd'hui, non seulement soumis à des attaques, mais à une entreprise de démantèlement généralisée. Je n'en ferai pas la liste ici. Je crois que tous les amis présents sont aussi qualifiés que moi pour la faire.
Mais il faut le dire clairement : ce sont bien les droits des citoyens et c'est bien la démocratie politique qui sont directement menacés, en témoignent les dernières annonces concernant la Sécurité sociale, les agences régionales de santé, tout ce qui est compris dans le rapport Attali, à quoi il faut également ajouter toutes les récentes annonces sur l'école aussi bien du point de vue du contenu que du point de vue des effectifs.
Il est aujourd'hui essentiel que des militants, des salariés, des syndicalistes, des hommes et des femmes de toutes tendances se regroupent pour défendre leurs droits. Il s'agit, à mes yeux, de l'essence même de cette liste "Ensemble, unis pour Tarascon".
Aujourd'hui, les promesses sont légions dans les programmes des candidats de droite, estampillés UMP ou pas, et qui revendiquent tous l'héritage de Madame Aillaud ! Ils omettent toutefois de préciser que nombre de leurs décisions, dans le cadre de l'intercommunalité initiée par les lois de décentralisation (Chevènement, Deferre) ne sont plus de leur seule compétence. De plus, le transfert des charges de l'Etat sur la commune et le département, cumulé aux restrictions budgétaires et à la diminution de la Dotation globale de fonctionnement étrangle financièrement Tarascon.
Force est de consater que les rapports Attali et Lambert, récemment présentés à Nicolas Sarkozy, s'inscrivent, de par les propositions qu'ils contiennent, dans la destruction des communes et ce dans le cadre de la mise en place de l'Europe des régions. Car oui, cette Europe, aux mains des néolibéraux, toute entière conduite par les dogmes du libéralisme économique, peu soucieuse de l'intérêt général, oeuvre contre la démocratie et son échelon élémentaire, la commune. Oui, l'exception française des 36 000 communes dérange ! Il se passe au niveau de l'intercommunalité ce qu'il se passe au niveau de l'Union européenne. Des personnes non élues par le peuple décident, selon leur bon vouloir, dans un système volontairement opaque, du devenir des populations concernées. Cela est inacceptable !
Ainsi, dès le lendemain des élections, noyé dans une intercommunalité non élue par les citoyens, le conseil municipal, quel qu'il soit, n'aura plus aucune liberté pour maintenir et encore moins développer les nécessaires et urgentes infrastructures répondant aux besoins de la population de notre ville : pas assez de crèches, pas de jardins d'enfant, plus de services publics, plus de gendarmerie ! L'eau elle-même est privatisée ! Et, d'ailleurs, qui, à droite, propose une remunicipalisation de l'eau, seule garantie pour des factures moins élevées avec un service de l'eau de proximité ?
Mais que dire du programme de la liste d'union de la gauche ? "Ce n'est pas un rêve inaccessible" écrit la tête de liste PS. En fait, il a bien appris la leçon d'Arnaud Montebourg, dont il dit soutenir le courant, qui affirme dans Libération des 23 et 24 février derniers, je cite : "en politique, il faut donner ce qu'on n'a pas et promettre ce qu'on ne peut pas donner".
A l'imaginaire, nous opposons la réalité ! Notre commune, classée en Zone Urbaine Sensible, se paupérise ! Plus de 12 % de taux de chômage, 60 % des allocataires CAF vivent avec moins de 817 euros par mois ! Un taux de RMIstes qui ne cesse de croître ! Un manque flagrant de logements sociaux ! Des services publics qui ferment ! Nos entreprises locales en difficulté et un pouvoir d'achat qui diminue.
Et ce candidat, se réclamant le dauphin de Michel Vauzelle, président de Région, soutenu par Jean-Noël Guerini, président du Conseil général, et par Claude Vulpian, président de notre intercommunalité, nous emmène, au fil de son programme, au "pays merveilleux de Candy" ! Il imagine une école, une poste annexe, une seconde halte ferroviaire et j'en passe ! Nous serons des Tarasconnaises et des Tarasconnais en Provence ! En voilà un bel acquis social...
Assez plaisanté ! Aux promesses imaginées, nous opposons la force de nos engagements. Je suis mère et grand-mère, j'aime entendre, moi aussi, les rires des enfants... mais j'entends également les difficultés croissantes des parents pour survivre ! C'est pourquoi je propose que nous agissions ensemble :
- Pour le rétablissement et le maintien de tous les services publics.
- Pour le rétablissement de véritables urgences et le rétablissement de la maternité.
- Pour la construction et la réhabilitation du logement HLM répondant aux besoins de la population et la redynamisation du centre ancien et des commerces.
- Pour le maintien et le développement des services sociaux tels que les crèches et jardins d'enfant.
- Pour la municipalisation de l'eau et l'assainissement.
En effet, tous nos services publics ferment ou sont vidés de leur contenu, sous nos yeux, les uns après les autres, sans consultation des usagers, et sans savoir jusqu'à quand et jusqu'où ce mouvement risque de perdurer. La conception française historique des services publics est, depuis plus de vingt ans, dans le collimateur de nos dirigeants libéraux qui, par manque de courage, s'y attaquent par le biais de directives européennes qu'ils soutiennent dans l'ombre. Nous voilà désormais dans un monde où les services les plus fondamentaux sont proposés sans garantie d'accès, de stabilité tarifaire ou de sécurité d'approvisionnement ! Qui osera parler de progrès ?
Aussi, notre combat pour les services publics s'inscrit dans celui de la défense de la République. Car leur histoire est liée à la volonté, dès la fin du XIXe siècle, de construire une "République sociale" fondée sur le principe de solidarité et d'égalité, volonté renforcée en 1945, à la Libération, et élargie à l'idée de développement économique.
Ainsi, les services publics participent activement à l'attrait et à la desserte de Tarascon, détiennent une place de choix dans le tissu économique de notre ville. Aussi, leur maintien conditionne-t-il largement la qualité de vie des Tarasconnaises et Tarasconnais. Les démanteler représente par conséquent à la fois un danger économique et social pour notre cité. Un danger contraire à une logique de progrès.
Et d'autant plus à l'heure où des sociologues américains semblent découvrir, à travers une étude scientifique, ce que le bon sens a toujours soutenu, à savoir que la proximité et le cadre de vie influent directement sur la santé et le comportement des populations; ou lorsque les considérations d'une "politique de civilisation" - la vraie, pas celle de Nicolas Sarkozy - fleurissent. Edgar Morin, sociologue de renom, père du concept, estime qu'une telle politique devrait reposer sur deux axes essentiels : humaniser les villes et lutter contre la désertification des campagnes.
Notre démarche s'inscrit dans cette logique. C'est pourquoi, dans un souci économique, social et écologique - nous observons chaque jour dans le monde que tout est lié -, nous nous engageons à soutenir une agriculture biologique, prospère et rémunératrice pour nos agriculteurs. Une agriculture qui rentrera dans notre programme de développement durable et de respect de l'environnement.
Humaniser notre ville, c'est-à-dire recouvrer une réelle solidarité, est l'une de nos priorités. Ce qui nécessite de lutter contre toute forme d'individualisme et de communautarisme, résultat de 30 années de néolibéralisme et de manque de considération pour les plus démunis. Il s'agit pour cela de lutter contre la ghettoïsation, d'encourager le dialogue, que chacun trouve la place qui lui revient sans sa ville. Le message est clair : il doit être possible de travailler, de se loger, bref de vivre à Tarascon ! Dans cette optique, la sauvegarde des emplois publics et privés, la favorisation de l'implantation de nouvelles entreprises, le soutien aux jeunes commerces sont bien entendu essentiels pour éviter que Tarascon ne meure ou ne se transforme en simple cité-dortoir.
Un suivi plus personnalisé sera assuré pour les demandeurs d'emploi. Pour les personnes engluées dans la précarité, nous développerons, selon une logique d'entraide et non d'assistanat, une épicerie sociale. Nous mettrons en place des "jardins solidaires", autrefois "jardins ouvriers". Personne ne doit rester sur le bord du chemin dans notre ville.
Sur le plan de l'habitat, nous réhabiliterons les logements insalubres et en construirons de nouveaux accessibles à tous. Aujourd'hui, avec seulement 15 % de logements sociaux, Tarascon demeure dans l'illégalité. Nous nous empresserons d'autant plus de rattraper le retard que la demande est forte dans notre ville.
Pour une ville plus dynamique, plus sereine et plus solidaire, d'autres terrains d'action sont envisagés. Ainsi, pour encourager la mixité sociale, nous nous engageons à lutter contre la suppression de la carte scolaire.
Fervents supporters de la laïcité, nous postulons à l'adage "fonds publics à l'école publique, fonds privés à l'école privée". Nous croyons en les vertus de l'enseignement, c'est pourquoi l'accès aux infrastructures culturelles sera facilité pour les Tarasconnais. Il ne peut pas y avoir d'égalité des chances sans égalité d'accès au savoir et à la culture !
Considérant le sport comme un formidable vecteur d'intégration sociale et relais de valeurs fondamentales, nous favoriserons également l'accès des jeunes aux infrastructures sportives.
Toutefois, nous savons pertinemment qu'une ville où il fait bon vivre ne peut qu'être qu'une ville où ses habitants se sentent en sécurité. Ainsi, si le dialogue demeure pour nous la priorité, nous ne pouvons occulter l'intérêt d'une présence d'une police de proximité dans nos quartiers, dans nos rues, à la sortie de nos écoles. Mais nous privilégierons systématiquement la prévention à la répression. Entre autres, par la création d'un centre de prévention contre toute forme de toxicomanie, d'alcoolisme ou de violences faites aux femmes.
Il est indispensable d'assurer le droit à la sécurité pour tous. Un droit qui ne concerne pas seulement les agressions physiques, verbales ou les incivilités de tout genre, mais qui s'étend au droit pour tous à la protection contre les crues du Rhône. La gestion du Plan Rhône n'étant pas, par définition, le seul fait de la mairie tarasconnaise, nous ne pouvons que nous engager à soutenir tout projet assurant que les Tarasconnais seront à l'abri de nouvelles inondations. A propos, comment croire que le candidat de la prétendue union de la gauche, qui se targue d'être soutenu par Michel Vauzelle, sera entendu par ce dernier, notre député, qui a constamment privilégié la défense des Arlésiens au détriment des Tarasconnais ? N'est-ce d'ailleurs pas inacceptable de monter de la sorte les populations les unes contre les autres, d'opter pour un plan qui en sacrifie une partie au bénéfice d'une autre ? Puis qu'en serait-il advenu du tribunal de grande instance, réclamé à Arles, par le même Michel Vauzelle, si un de ses conseillers avait été à la tête de notre commune ?
Il est des combats que seuls des femmes et des hommes libres peuvent mener ! Nous sommes de ceux-là, contrairement à d'autres ! Notre seul souci est de défendre l'intérêt des Tarasconnais. Mes prises de position au Conseil municipal durant sept années sont là pour en témoigner : je n'ai jamais succombé aux sirènes de l'idéologie, j'ai toujours fait mes choix en mon âme et conscience, après concertation avec mon entourage. Il s'agit de la seule méthode valable pour rassembler et non diviser la population tarasconnaise. Nous sommes porteurs d'un projet commun, d'une perspective collective.
Vous le voyez, nos desseins pour Tarascon sont ambitieux mais réalistes. Nous avons fait le choix de l'honnêteté, celui de ne pas faire de promesses irréalisables. Bien sûr, nous pourrions vous abreuver de programmes rêveurs, déconnectés de la réalité, annonçant la création de nouvelles écoles, de nouvelles haltes ferroviaires et, pourquoi pas, d'un nouvel aérodrome qui faciliterait l'atterissage des parachutés que l'on nous envoie toujours plus nombreux à Tarascon ! Non, au lieu de ça, nous proposons des engagements à tenir, par respect pour les électeurs.
Ils nécessitent un volontarisme politique sans faille, de tous les instants, pour faire revivre notre ville qui jouit aujourd'hui d'une pâle réputation, malgré ses richesses historiques et traditionnelles, et une position géographique privilégiée. Ils supposent, au préalable, de ne pas mentir aux Tarasconnais sur le constat à dresser de leur ville, et sur les raisons de son déclin. C'est pourquoi, convaincus que le développement de Tarascon passe par un recouvrement total de la liberté d'action municipale, nous appelons à lutter contre cette intercommunalité forcée qui nous a dessaisis de tout pouvoir de décision dans les principaux domaines de la vie de notre commune.
Nous ne pouvons décemment pas nous content d'être constamment le parent pauvre de l'ACCM, celle-ci même qui veut décider des zones riches et des zones pauvres dans notre région. Nous proposons, en lieu et place de cette intercommunalité, des coopérations communales dûment consenties, sur la base de partenariats équitables, y compris avec Beaucaire.
Dans un souci budgétaire, nous agirons pour le retour à l'Etat de la gestion du patrimoine et de l'ensemble des infrastructures tels que le Château ou la DDE. Conscients des difficultés rencontrées par nos concitoyens en matière de pouvoir d'achat - problème que ne semble pas prendre en compte le pseudo gouvernement actuellement au pouvoir -, nous n'accablerons pas nos concitoyens de dépenses inutiles dont ils seraient les premiers à faire les frais via les impôts locaux.
Il est temps que les Tarasconnais se réapproprient leur avenir. Nous représentons le renouveau, la rupture nécessaire dont notre commune a grandement besoin. Comment croire que les choses changeront avec l'une de nos trois listes de droite qui proviennent toutes de la même source, la liste de Thérèse Aillaud ? Deux d'entre elles se paient même le luxe de se disputer le même bilan, comme si celui-ci était un trésor inestimable ! Puis, finalement, l'adage est toujours valable : pourquoi feraient-ils demain ce qu'ils n'ont pas fait hier ? Pourquoi faire de nouveau confiance à cette droite qui détient la ville depuis 1983, soit un quart de siècle ?!
Et comment croire que Tarascon ira mieux avec, à sa tête, un jeune apprenti tarasconnais aux dents longues qui ne la considère que comme un tremplin dans une carrière personnelle déjà "imaginée" sans doute. Les seules choses qu'il a apportées à Tarascon, ce sont des méthodes plus que douteuses dans cette campagne électorale, à base de fausses rumeurs, de tentatives de déstabilisation et autres comportements de ce genre. Nous refusons de nous abaisser à ces querelles de bas étage ! Tarascon mérite beaucoup mieux ! La politique mérite beaucoup mieux ! La gauche mérite beaucoup mieux !
Car, sans ambages, sans contrefaçon, sans compromis, sans compromission, oui, nous sommes tous de gauche ! Nous sommes toutes et tous des socialistes, au sens originel du terme. Nous n'avons pas besoin d'étiquette partisane pour exister et pour affirmer notre identité ! Ne laissons personne sous-entendre le contraire ! Notre programme, nos engagements passés et présents parlent d'eux-mêmes. A Tarascon, nous sommes l'incarnation de la gauche, la vraie ! La solidarité, l'égalité, la fraternité, la liberté, la laïcité ne sont pas de vains mots dans nos esprits ! Ce sont les raisons profondes du combat politique que nous menons. On ne peut pas être de gauche, comme certains prétendent l'être, par simple opportunisme et par l'achat d'une carte d'un quelconque parti.
Mes amis, l'heure est venue de reprendre le destin de notre ville entre nos mains. Nous avons l'occasion de rompre avec les méthodes d'un autre temps. Nous avons choisi de dire stop à la passivité des élus tarasconnais, celle-ci même responsable de la détérioration de Tarascon. Nous préconisons combativité, volonté et dialogue pour que notre commune connaisse une renaissance.
Désormais, le choix vous incombe. Vous avez la possibilité de faire changer les choses, avec nous. Nous sommes le nombre, soyons la force ! C'est pourquoi je vous appelle chaleureusement à voter et à faire voter pour la liste que je conduis. Pour faire de Tarascon une ville forte et solidaire. Une ville forte parce que solidaire.
Vive la République laïque, une et indivisible ! Vivent les services publics ! Vive la démocratie communale ! Et, plus que jamais, que vive Tarascon !"
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